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Basket de Dzamandzar
Oeuvre Conceptuel et collaboration design
Bois de Palissandre
Nosy Be, Madagasacar
2014
La Basket de Dzamandzar amorça pour moi une réflexion importante sur un tabou :
Qui fabrique nos objets? Nos Chaussures? Nos vêtements? Nos objets? Quel visage se cache derrière nos achats?
Communément l'inconscient collectif européen sait que beaucoup de chaussures sont faites par "des petits chinois", l'expression sous-entend des conditions de travail dures, du travail effectué par des enfants, une main d'oeuvre sous payée et maltraitée. Même si nous ne souhaitons pas participer à ce marché,
il n'est pas facile de vérifier l'origine de ses chaussures par exemple, simplement avoir conscience de l'ouvrier derrière l'ouvrage est important à mon sens.
L'occident serait cette entité qui par le biais des U.S.A.s aurait paraît-il "marchait sur la Lune et planter un drapeau..." mais qui n'essaye pas de résorber
la pauvreté... La basket est devenue un signe moderne d'urbanité, de sportivité voir même de Style...
Le marché de la sneaker représente des millions d'euros...
En arrivant à Nosy Be à Madagascar, j'ai passé mon temps à comprendre que la moitié de mes actes, sans même le vouloir, pouvaient devenir coloniaux.
Pourquoi donc? Car le système malgache tout entier avait été basé depuis des siècles sur une structuration des rapports sociaux biaisé par la colonisation. La culture insulaire, l'Histoire coloniale et l'économie fausse beaucoup de rapports humains.
Les forces en place poussent à la formation d'une masse de travailleur pauvre, à la prostitution, au vol des terres... Ainsi, je me suis posé la question
de cette basket que je portais au pied, qui venait fouler une terre inconnue... J'étais tout de même venu avec des cadeaux pour les gens qui habitaient l'île de Nosy Tanga, là où nous allions oeuvrer en résidence. Loin d'un drapeau planté, je voulais rencontrer les gens avec amour, partager quelque chose
de sincère, par respect pour les malgaches, mais aussi par respect pour ma propre intégrité.
Je m'écarte un peu du projet officiel par nécessité de créer dans de bonnes conditions, je visite le quartier populaire de Dzamandzar où réside
les artistes et artisans. Les meilleurs artistes sculptent tous de magnifiques oeuvres dans des bois resplendissants, des essences fines.
Je demande à 2 sculpteurs sur bois, si je peux les filmer et rester avec eux pendant qu'ils sculptent une basket que je leur ai rapporté.
Ces sculpteurs taillent habituellement des animaux, des femmes, des coupoles, la demande est originale l'un des deux accepte. Nous parlons de leurs enseignements et apprentissages de la sculpture sur bois, c'est un savoir qui a été transmis entre eux auquel s'est ajouté un travail d'autodidacte.
J'ai payé cette commande de basket et acheté plusieurs sculptures au sculpteur de la Basket de Dzamandzar.
Je lui ai offert de mes habits qu'il aimait bien.
Par rétrospective, je pense que l'essentiel de mon travail à Madagascar a été de rencontrer les travailleurs, les charpentiers, les pêcheurs,
les artisans, les cuisiniers, les mamans... Enfin beaucoup de gens à qui on ne donne pas toujours la parole. Les vrais comme on dit chez nous!
En revenant en France avec la Basket de bois, j'ai décidé de la placer dans un magasin "capitaliste "de sneakers d'où venait originellement ma chaussure,
une oeuvre d'art faite main, une oeuvre unique venant d'Afrique parmi des centaines de basket faites par des "petit chinois".
Une façon de décaler le réel pour recentrer l'esprit sur les origines de nos objets et de nos oeuvres d'arts, créant de même une réalité plus claire!
Un geste pour rappeler que derrière chacun de ses objets, il y a des vies, des cultures, des êtres vivants, des frères et soeurs du genre humain...
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