En 2009, après un an passé aux Beaux-Arts, je constate que les concours pour les entreprises et les marques sont fréquemment proposées
aux jeunes artistes pour gagner un peu de visibilité et subvenir à leurs besoins. La situation des jeunes artistes est difficile s'ils ne viennent pas d'une famille riche.
Pendant ma toute jeune découverte du "milieu" de la culture parisien, j'ai l'impression que le système essaye de forcer les artistes à vendre leur âme, leur sincérité,
leur temps pour ensuite pouvoir exposer et subvenir à leurs besoins besoins vitaux.

Je me questionne aussi sur cette étrange quête de l'artiste et de l'Homme, son désir de laisser sa trace, la recherche d'éternité doit-elle être faite en laissant une trace matérielle
de ses oeuvres où plutôt doit-elle s'inscrire dans une recherche de l'immortalité offerte par le royaume des cieux? Peut-elle se réaliser dans les deux domaines: Inscrire sa trace dans l'Humanité tout en étant bien accueilli dans le royaume des cieux et la vie éternelle?

Je différencie nettement ces personnages comme le pharaon Khéops qui pour se rassurer construit des pyramides tandis que Jésus-Christ lui construit une église spirituelle
entre le coeur des Hommes. Et aujourd'hui c'est bien la vie et le règne de Jésus-Christ qui est bien mieux diffusé dans le monde entier que la philosophie de ce notable égyptien.
C'est donc un simple charpentier qui à construit la plus grande architecture d'Amour spirituelle de l'Histoire, car le vrai temple de Dieu ce sont les Hommes et pas les bâtiments faits de mains d'hommes.
 
Je me demande donc si l'artiste en partageant ses émotions dilate ou amplifie un peu son âme à travers le monde, comme des boutures de poésies qu'on pourrait faire voyager et grandir. En réfléchissant aux institutions, au "marché de l'art" et à ce qu’un artiste peut vraiment offrir, j’en suis venu à me poser la question: 
Que peut vraiment commercer l'artiste? Où est la vraie liberté de création? Quel est le chemin qui conjugue intégrité et liberté artistique?
 
Je souhaitais faire un pied de nez à l'institution et faire une performance critique, un action qui puisse aussi me permettre de rencontrer de nouvelles personnes.
Je souhaitais exprimer le fait que même si le monde contemporain, Babylone la prostituée, nous pousse à nous vendre.
Nous devons toujours rester actionnaire majoritaire de notre âme! Il n'y a pas pire esclavage que d'avoir vendu son intégrité.
 
J’ai donc proposé, sur un stand lors des portes ouvertes des Beaux-arts à tout un chacun de pouvoir acquérir 1% de mon âme en échange de bons soins dans la limite
de mise à disposition de 49% de mon âme. Vous pouviez donc acquérir 1% de mon âme en échange d’un bien ou d’un service avec lequel j'étais en accord et que je trouvais représentatif d’un pour cent de mon intériorité. J'avais cette l’idée qu’on pourrait essayer ainsi de visualiser, de façon poétique, une partie de mon âme à travers l’ensemble
des choses échangées. 

C’est ainsi que je m'empare d’un sujet que notre société tourne au dérisoire, avec humour, un vrai questionnement sur l'âme et le désir d’aller vers l’autre.
Je crée un espace d’échange, de discussions et de troc autour d'un questionnement théologique. Il faut savoir que dés le début j'ai laissait volontairement sur le certificat d'acquisition de mon âme des fautes comme pour invalidé la légitimité de ce certificat. Ma vie s’est retrouvée totalement transformée par cette performance.

Je me suis retrouvé à rencontrer beaucoup de gens, voyager, être embauché comme animateur-conférencier au Centre Pompidou, recevoir chez moi une aiguille
dans une botte de foin, me faire offrir des tours de manèges et des glaces lors d’une balade romantique, visiter Maastricht, me voir offrir un ticket pour un spectacle sur l'histoire de Goethe, me faire corriger mes fautes d’orthographes sur mes lettres par une dame à la retraite, recevoir par une professeur d’art de Californie des photographies
d’une boite voyageant autour du monde avec un pourcent de mon âme etc.

Ce travail m’a offert des échanges et des rencontres avec les gens et une amélioration nette pour eux, comme pour moi, de la notion de ce qu’était que "disposer de son âme".
Il est aussi important de savoir qu'à partir de 31 % de mon âme échangé, j'ai pris peur et décidais de stopper la performance.
 
Au début de la performance je m'étais convaincu que tout cela n'était qu'une critique artistique et humoristique. Au fur et à mesure de la performance,
je me suis dit que Dieu pourrait être attristé de cette performance même si elle était humoristique. Lors d'un après-midi en 2010, je rencontrais par hasard au Jardin des plantes à Paris un des propriétaires de 2% de mon âme. Il me proposa un repas avec le diable en échange d'une nouvelle part de mon âme, je lui dis "Non Merci!" et fus rapidement refroidi. Ce moment à clos ma performance en 2011, cependant la performance ne s'est pas arrêté dans son influence sur ma vie.

J'ai été effrayé car je me suis rendu compte d'une part que je flirtais avec des sujets beaucoup plus graves qu'on ne le croit.
Et que, d'autre part, je ne savais pas qui étaient toutes les personnes que je rencontrais grâce à cette performance.

En 2016, des années plus tard, j'ai consacré de nombreuses journées à prier Dieu pour qu'il me pardonne de l'insolence de cette performance.
Au bout de nombreuses prières, j'ai ressenti en mon fort intérieur que même si on fait des erreurs, notre âme appartient avant tout à Dieu, si on se repent sincèrement
il nous lave avec amour.

Avec le recule, je constate que cette performance parle finalement de ce passage de la jeunesse à l'âge adulte où beaucoup d'entre nous se demandent:
Comment vais-je gagner ma vie? Vais-je conserver mes rêves d'enfance? Vais-je conserver mon intégrité, mes idéaux, ma foi?

Dans tous les corps de métiers, il peut surgir un moment la tentation de la corruption, c'est en marchant dans la vérité et dans l'amour de son prochain qu'on peut devenir exemple de vertu. Restons toujours propriétaire de notre âme en la remettant dans les mains de Dieu!

Et si un jour la chute est là, n'oublions pas que Dieu relève les hommes qui vont sincèrement vers lui.

Car sept fois le juste tombe, et il se relève, Mais les méchants sont précipités dans le malheur.
Proverbes 24:16 - Bible